Moins de 6 semaines après les inondations, seuls 3 tronçons ferroviaires restent impraticables.
PEPINSTER, le 23 août 2021 – À la suite des terribles intempéries qui ont frappé la Belgique, quelque 25 lignes ferroviaires s'étaient avérées impraticables, forçant Infrabel à interrompre une grosse partie du trafic dans le sud du pays. Un agenda de remise en service progressive a été établi en s’appuyant sur la mobilisation de moyens humains et matériels inédite. Un peu moins de 6 semaines plus tard, le trafic reste encore temporairement suspendu sur 3 de ces 25 portions du réseau : entre Liège et Pepinster, entre Pepinster et Spa ainsi qu’entre Gembloux et Ottignies.
Ligne « Liège-Pepinster-Allemagne » : 1 pont et 1 talus en chantier
La fissure traverse de part en part un des appuis du pont de Louheau. Ces dégâts, peu visibles pour un œil non averti, n’ont pas échappé aux agents d’Infrabel amenés à dresser la liste des dommages causés par les pluies torrentielles des 14 et 15 juillet. Pour entreprendre la remise en service de cet ouvrage, les équipes ont dû faire appel à une grue géante, capable de soulever des charges allant jusqu’à 750 tonnes. Un des 6 éléments constituant le tablier du pont a été déplacé, donnant accès à la culée (pilier) endommagée. Elle doit être démolie avant d’être reconstruite. La fin des travaux, permettant la réouverture du trafic entre Nessonvaux et Pepinster, est prévue le 13 septembre.
En amont, les techniciens d’Infrabel épaulés par des sous-traitants sont - ou ont été - actifs sur une distance de 7km pour réparer d’autres dégâts causés par les flots déchaînés. A la Brouck (Trooz), la Vesdre a érodé un talus supportant la ligne 37. Sur une distance de 50m, la terre puis le ballast (le lit de cailloux sur lequel pose la voie) ont été emportés par les eaux. Les équipes travaillent d’arrache-pied. Il faut stabiliser le pied du talus en construisant un mur de roches… avant de poser une nouvelle portion de voies. Ce devrait être chose faite d’ici le 31 août autorisant la réouverture du tronçon entre Liège et Nessonvaux le 1er septembre.
Ligne « Pepinster-Spa » : 2 ponts et 1 talus en chantier
A Pepinster-cité, le pont ferroviaire situé à proximité de la gare avait 50 ans, ses fondations plus d’un siècle. L’ouvrage ne présentait aucune faiblesse. Les eaux de la Hoëgne ont pourtant eu raison de lui. Sous la puissance du courant, le point d’appui central s’est effondré, provoquant l’affaissement de toute la structure. Tant son tablier que ses appuis doivent être reconstruits, sans cela pas de réouverture possible du trafic ferroviaire depuis et vers Spa.
Plus loin sur cette ligne 44, l’appui central du pont situé à proximité des usines Cabot a lui aussi été complètement déchaussé par les eaux de la Hoëgne. Les tabliers du pont doivent être soulevés provisoirement pour permettre la démolition puis la reconstruction complète de l’appui central. A hauteur de Juslenville (Theux), d’autres moyens sont mis en œuvre pour stabiliser un talus vaincu par les eaux... cette fois sur une distance de plus de 100m. Près de 3000 tonnes de roches et 3000 m³ de remblais seront acheminés pour régler durablement le problème.
L’objectif d’Infrabel reste de remettre en service la ligne 44 pour le 4 octobre prochain au plus tard.
Ponts à reconstruire, talus à stabiliser, câblages et équipements électroniques à renouveler... dans la seule région de Pepinster, dépendant des phases de travaux, de 50 à 100 personnes sont à l’œuvre chaque jour pour remettre en état ce qui doit encore l’être.
Ligne « Namur-Bruxelles » : 350m de talus, difficiles d’accès, affaissés
Autre (et dernière) zone du réseau ferroviaire encore impraticable, entre Gembloux et Ottignies. A hauteur de Mont-Saint-Guibert, la voie est principalement en surplomb par rapport aux habitations. Les ruissèlements d’eau ont, là aussi, provoqué des affaissements de talus pourtant stables depuis des décennies. Certains sont hauts de près de 20m. Les dégâts se situaient en 5 endroits distincts… Mis bout à bout, les équipes ont à consolider quelque 350m, en devant composer avec une grande complexité des accès tant pour les hommes que pour les matériaux. Pour atteindre deux de ces talus à « traiter », il a fallu près de 3 semaines de travaux préparatoires. Une vingtaine de personnes poursuivent la pose, en travaillant 18 à 20h/jour, de plus de 15.000 tonnes de roches acheminées par camions depuis Givet et la région liégeoise.
Sur cette ligne, essentielle pour la desserte de la capitale, le trafic tant voyageurs que marchandises devrait reprendre sur une voie le 30 août prochain… la seconde mi-septembre. La circulation des trains se fera donc de façon alternée. Ce chantier s’achèvera avec quelques semaines de retard sur le calendrier établi au lendemain des pluies torrentielles, mais les précipitations régulières du mois d’aout sont venues régulièrement amplifier les dégâts. Ailleurs, comme entre Namur et Luxembourg, entre Liège et Rivage ou entre Charleroi et Couvin, l’agenda de remise en service progressive a pu être tenu. Il a fallu pour cela compter sur la mobilisation de moyens humains et matériels inédite.
En un peu moins de 6 semaines d’efforts, seuls 3 des 25 portions du réseau endommagées restent à ce jour impraticables.
Benoit Gilson - CEO d'Infrabel: « Cet été restera gravé dans toutes les mémoires… en ce compris dans celle des cheminots. Ils ont été des centaines à se mobiliser, allant même pour certains jusqu’à renoncer à du temps libre ou à des vacances, pour contribuer à remettre en état ce qui devait l’être. Je suis fier du travail colossal qui a été accompli en un temps record. A quelques jours de la rentrée, je me réjouis de voir notre réseau ferroviaire rendu presqu’intégralement à ses utilisateurs ».
Georges Gilkinet - Ministre fédéral de la Mobilité : « Les inondations qui ont frappé le Sud de la Belgique durant cet été, c’est du jamais vu. Et les dégâts à des ouvrages d’art pourtant solides sont particulièrement spectaculaires. Nous avons décidé dès le premier jour avec Infrabel de mettre à disposition tous les moyens nécessaires pour réparer les dégâts le plus rapidement possible, et de le faire en dialogue étroit avec les populations et autorités locales, comme c’est le cas à Pepinster. Cette mobilisation totale était nécessaire pour limiter au maximum les désagréments pour les utilisateurs du rail. Je veux saluer les efforts et la solidarité des équipes d’Infrabel et de ses sous-traitants, qui s’engagent sans compter. Ensuite, il faudra faire les comptes et tirer toutes les leçons de ces événements. Mais chaque chose en son temps ! »