Communiqué de presse

Limiter la validité des permis de conduire des seniors? "C’est faire plus de victimes que de sauver des vies !"

Photo d'illustration montrant une femme senior au volant d'une voiturePh. Shutterstock

Interrogé à ce sujet jeudi 6 juillet à la Chambre des Représentants, le ministre fédéral de la Mobilité Georges Gilkinet a fait part de son opposition quant au projet de nouvelle directive de la Commission européenne, qui envisage de limiter la durée de validité administrative des permis de conduire à cinq ans pour les conducteurs âgés de 70 ans et plus. Le texte de la Commission suggère ainsi d’imposer un examen médical et/ou des cours de remise à niveau du Code de la route aux seniors qui souhaitent conserver leur permis.

Georges Gilkinet, ministre de la Mobilité : "Personne ne doit être exclu de l’espace public, ou privé de cette liberté qu’est la mobilité. Et cela vaut également pour les seniors, qui ont plus souvent besoin d’une voiture pour jouir de cette liberté. Il est impensable de discriminer un groupe d’âge entier, de limiter ses activités, sa vie sociale ou encore son accès aux soins médicaux. Si l'objectif de la Commission est d’améliorer la sécurité routière, elle fait fausse route. Les études montrent qu’ils sont plutôt plus prudents que les autres, en adaptant leur conduite à l’évolution de leurs compétences. Mais aussi qu’ils sont plus souvent victimes de la route, y compris comme usagers actifs, que responsables d’accident. À l’heure où nos seniors sont plus actifs que jamais, restreindre la mobilité des 70 et +, ce serait les pousser à l’isolement. C’est risquer de perdre plus de vies que d’en sauver."

Le projet de révision de la directive poursuit toutefois sa route au niveau européen, où des discussions vont avoir lieu au Conseil de l’Union européenne sous la présidence espagnole, qui passera ensuite le flambeau à la Belgique le 1er janvier prochain.

Le ministre de la Mobilité entend donc travailler avec son homologue espagnol sur cette proposition qui manque clairement de pertinence et qui doit être débattue et corrigée.

D'abord il est essentiel de garder à l'esprit que l aptitude médicale à la conduite n'est pas nécessairement liée à l'âge. Ensuite, les statistiques de Vias nous apprennent que, quand les seniors sont concernés par l’insécurité routière, c’est essentiellement en tant que victimes lorsqu’ils sont piétons ou cyclistes, ou parce qu'ils se sont personnellement blessés en tant qu’automobilistes. En d’autres termes : sur la route, les seniors sont davantage en danger eux-mêmes qu’ils ne sont dangereux pour les autres.

Certes, certaines fonctions mobilisées lors de la conduite peuvent décliner avec l’âge. Néanmoins, les études démontrent que, dans ces cas-là, les seniors mettent en place d’eux-mêmes des stratégies de compensation : ne plus rouler de nuit, réduire sa vitesse, respecter de plus grandes distances de sécurité, n’emprunter que des itinéraires connus, éviter les manœuvres dangereuses,… Autrement dit, nos seniors sont souvent des conducteurs exemplaires. Si chacun conduisait comme nos aînés, les chiffres de la sécurité routière seraient bien meilleurs en Belgique!

D’ailleurs, bon nombre de seniors remettent spontanément leur permis de conduire, ou se rendent d'eux-mêmes dans un centre d’évaluation de leurs aptitudes à la conduite. Dès lors, obliger ou interdire, comme le suggère la Commission européenne, ne semble pas l'approche adéquate.

La meilleure solution réside dans la sensibilisation, et notamment dans le dialogue avec les médecins généralistes. Eux connaissent leurs patients et sont les plus à même d'avoir une approche adaptée à chaque situation individuelle.