États généraux de la sécurité routière : les Ministres belges actent 10 nouveaux engagements communs pour améliorer la sécurité routière

La Belgique compte encore trop de victimes sur la route : 540 personnes y ont perdu la vie en 2022, et plus de 45.000 ont été blessées. Bien que ces chiffres aient sensiblement diminué ces dernières années, ils restent encore trop élevés. La Belgique se situe même parmi les pires élèves européens en la matière. Or, la plupart des accidents de la route sont évitables. Il nous appartient donc d’agir collectivement pour répondre à cet enjeu sociétal et de santé publique, d’activer tous les leviers pour réduire drastiquement le nombre de morts et de blessés sur la route.

Les Etats généraux de la Sécurité Routière convoqués par le Ministre Gilkinet traduisent la volonté partagée et l’engagement commun des différentes autorités à travailler ensemble pour accroître la sécurité routière au bénéfice de tous. C’est par la bonne collaboration des gouvernements au niveau fédéral, régional et local, et avec l’implication de tous les  acteurs concernés (administrations, police, Institut VIAS, associations représentant les usagers ou les victimes de la route, … ) que l’impact sera le plus grand et le plus rapide pour rendre la circulation plus sûre pour toutes et tous, en particulier les usagers les plus vulnérables.

Inscrire ces ambitions dans la continuité

Ces Etats Généraux ont abouti à de nouveaux engagements communs de la part des Ministres compétents pour la sécurité routière en Belgique. En effet, les six ministres fédéraux et régionaux ont réaffirmé leur volonté commune de continuer à rendre les déplacements plus sûrs et à diminuer le nombre de victimes de la route, notamment via la mise en œuvre d’un plan d’action coordonné sous le concept All For Zero.  

Ensemble, ils s’engagent à :   

1. lutter ensemble contre les trois grands tueurs de la route: vitesse, distraction et conduite sous influence notamment via des actions coordonnées en matière de prévention, de contrôle, de sanction et de réhabilitation ; 
2. se concerter systématiquement et coopérer de façon structurelle, tant au niveau ministériel à travers la CIM Mobilité qu’au niveau des experts et des administrations, comme ils le font activement depuis 2021 ; 
3. réunir régulièrement un groupe de travail interfédéral chargé d’évaluer et de faire évoluer la règlementation en matière de sécurité avec une attention particulière pour l’amélioration de la sécurité des usagers actifs, les plus vulnérables;  
4. veiller à ce que les réglementations et les aménagements soient autant que possible conçus en tenant compte des besoins spécifiques des enfants, de sorte que ceux-ci, dès l'âge de 8 ans, puissent se déplacer de manière autonome, sûre et confortable  ; 
5. assurer le partage de connaissances notamment par la réalisation d’études conjointes ;  
6. poursuivre le développement de la dynamique All for Zero au plan local, notamment à travers le financement et la valorisation de projets de sécurité routière ; 
7. renforcer l’efficacité des contrôles et améliorer les flux d’informations liés aux infractions routières entre tous les maillons de la chaîne de contrôle/sanction ;  
8. lutter contre la récidive de comportements à risque par une meilleure prise en compte des antécédents des conducteurs, y compris pour des infractions traitées par perception immédiate ;  
9. élaborer une offre de formations complémentaire et cohérente, notamment pour permettre la réhabilitation des conducteurs au comportement problématique; 
10. évaluer chaque année l’évolution de la sécurité routière à l’occasion d’une conférence interfédérale de la Sécurité Routière. 

Un mécanisme de concertation qui mène à des avancées concrètes

C’est en 2001 que les premiers Etats Généraux de la Sécurité Routière en Belgique ont été lancés, à l’initiative de l’ASBL Parents d'Enfants victimes de la route et de la Ministre de la Mobilité d’alors, Isabelle Durant. Les éditions suivantes ont été organisées en 2007, 2011 et 2015. En 2021, 20 ans après les premiers Etats Généraux, le Ministre fédéral de la Mobilité réactive cet outil de concertation pour accélérer la lutte contre l’insécurité routière en Belgique.

C’est au cours de cette session 2021 que les Ministres compétents se sont associés pour lancer la dynamique « All For Zero », une stratégie coordonnée en matière de sécurité routière déclinée d’un part à travers un plan d’action fédéral[1] et d’autre part via une plan interfédéral[2].

Un an plus tard, en novembre 2022, les Ministres compétents se sont réunis au cours d’une première conférence interfédérale afin de réaliser une première évaluation des progrès engrangés. Les Etats Généraux de ce 30 janvier 2024 constituent dès lors le troisième et dernier rendez-vous interfédéral de cette législature.

Georges Gilkinet, ministre fédéral de la Mobilité : « En réunissant tous les acteurs impliqués dans la sécurité routière, nous avons esquissé les traits de la future politique en la matière. Notre volonté commune est que celle-ci maintienne un cap ambitieux au-delà des échéances électorales, avec nos administrations respectives comme garantes de cette continuité, tant dans les ambitions que dans les actions à mettre en œuvre. La sécurité routière doit rester une priorité de premier plan pour les prochains gouvernements, en se focalisant sur les enjeux majeurs que sont la protection des usagers actifs et des enfants ainsi que la lutte contre les principaux tueurs de la route et contre la récidive. Je suis fier et heureux de la réussite de ces Etats Généraux, qui témoignent, une fois encore, que nous sommes plus efficaces quand nous travaillons ensemble pour relever des défis de taille, entre autres celui de la lutte contre l'insécurité routière, pour tracer un horizon sans décès sur nos routes. C’est un message clair et capital pour l’avenir. »

Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur : « Il y a dans notre pays encore trop de victimes de la route et trop d’accidents mortels. Avec à chaque fois des tragédies humaines, des adieux inattendus, du deuil, des conséquences financières et matérielles, etc. Nous devons donc continuer à fournir des efforts soutenus afin d'augmenter et d'améliorer la sécurité routière. Dans ce cadre, la répression et la prévention doivent aller de pair. Toutes celles et ceux qui peuvent y contribuer, de quelque manière que ce soit, doivent être impliqués. Qu'il s'agisse de la sensibilisation et du bon exemple à donner en tant que parents, de l'éducation routière dans les écoles, de la réflexion sur la manière dont nous construisons et aménageons nos futures routes,… Nous devons évidemment poursuivre nos efforts pour appréhender les conducteurs récalcitrants. La conduite sous influence, la vitesse excessive et inadaptée, la distraction au volant et le port de la ceinture de sécurité restent des priorités, au même titre que de nombreux autres points d’attention qui font l’objet de contrôles de la police.»

Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice : « La semaine dernière, un garçon de 11 ans à Minderhout et une jeune fille de 17 ans à Willebroek ont perdu la vie après avoir été percutés par un camion. C'est horrible. C'est le pire cauchemar de tous les parents. En tant que responsables politique, nous devons toujours vouloir faire mieux et nous ne pouvons jamais nous reposer sur nos lauriers. Au sein de la Justice, nous avons, entre autres, créé le parquet national pour la sécurité routière, qui traite efficacement les infractions routières. Cela permet aux procureurs de se concentrer sur les pirates de la route et les récidivistes. Mais pour atteindre notre objectif "All For Zero", il est crucial de travailler ensemble, avec une collaboration entre les différents domaines d'action politique et niveaux de gouvernement. C'est la force de ces Etats Généraux pour la Sécurité Routière. »

Elke Van den Brandt, ministre bruxelloise de la Mobilité: « Il est tout simplement de notre devoir de réduire à zéro le nombre de morts sur les routes et d’éviter toutes les souffrances qui en découlent. De plus, la sécurité routière détermine également les choix de mobilité que font les gens. Ceux qui se sentent en sécurité dans nos rues sont plus susceptibles de marcher ou de faire du vélo. Nous le constatons à Bruxelles : le nombre de piétons et de cyclistes augmente chaque jour, en partie grâce à la Ville 30, aux aménagements systématiques des carrefours dangereux et à un meilleur contrôle des excès de vitesse»

Lydia Peeters, ministre flamande de la Mobilité : « « En Flandre, nous avons mis l'usager actif au centre de cette législature, tant dans notre Plan de Sécurité Routière que dans la nouvelle ‘Vlaamse Fietsambitie’. C’est le cap à maintenir. Les 10 engagements interfédéraux sont clairs et n’ont qu’un seul objectif : zéro mort sur les routes dans notre pays. L’application de la 'norme enfant' est un signal important à cet égard. Nous devons prêter une attention constante aux besoins des enfants et des jeunes lors de l'élaboration de nouvelles réglementations. Les nouvelles infrastructures doivent être, autant que possible, conçues en fonction de cette ‘norme enfant’, afin que, dès 8 ans, les enfants puissent se déplacer de manière autonome, sûre et confortable. En Flandre, nous continuons également le travail de sensibilisation et d'éducation afin de mener à de véritables changements de comportement dans la circulation. La vitesse inadaptée ou excessive, la conduite sous influence et la distraction au volant sont à l’origine de trop nombreuses tragédies humaines. Plus les gens en seront conscients, plus vite nous atteindrons l’objectif de la Vision Zéro. Par respect pour les nombreuses victimes de la circulation, l’application des lois ne doit pas être considérée comme une mesure vexatoire. Elle reste malheureusement la pierre angulaire d'un système de circulation sûr pour tous.»

Valérie De Bue, ministre wallonne de la Sécurité Routière : « Le partage de la route est une notion essentielle pour diminuer l’insécurité routière et le nombre de victimes sur le réseau routier wallon. Derrière chaque décès ou blessé grave ou non se trouve une famille… Le message que nous portons est le suivant : "Ne nous comportons plus uniquement comme un piéton lorsque nous marchons ou comme un automobiliste lorsque nous circulons en voiture". Sous cette législature, toutes nos actions ont été menées en poursuivant l’objectif que chacun devienne usager d’une route partagée, conscient des réalités et des dangers de chaque mode de déplacement et bienveillant envers les autres. 

Dans ce contexte, sensibiliser les jeunes à la sécurité routière depuis le plus jeune âge est indispensable. Ils sont déjà des usagers quotidiens de la route mais ils représentent aussi, pour la plupart, les conducteurs de voiture de demain. Je plaide pour la généralisation d’un continuum pédagogique, au départ du brevet du piéton puis du cycliste en primaire pour terminer par une formation complémentaire dans les premières années du secondaire et une formation spécifique en rhéto. Ce continuum constituera un outil essentiel pour améliorer la sécurité routière et atteindre l’objectif de ne pas dépasser 100 tués sur les routes wallonnes en 2030. »