La Belgique et le Grand Duché de Luxembourg renforcent leur coopération ferroviaire
ARLON – le 03 octobre 2023 - Un rail transfrontalier plus rapide, plus moderne, plus accessible et mieux relié aux autres modes de déplacement : telle est la vision commune des ministres de la Mobilité Georges Gilkinet et François Bausch pour l’avenir des liaisons ferroviaires entre la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg. A travers une lettre d’intention signée ce mardi au nom des deux pays, ils affirment leur ambition commune de faire du rail la colonne vertébrale d’une mobilité transfrontalière durable et s’accordent sur une feuille de route à suivre pour améliorer les connexions ferroviaires entre les deux pays.
Les flux transfrontaliers entre la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg sont intenses et quotidiens. Chaque jour, 45.000 belges font le trajet entre les deux pays. À l’heure actuelle, 85% de ces navetteurs utilisent encore la voiture pour effectuer ce déplacement. Un potentiel important en vue du transfert modal vers le rail que les ministres des Transports, Georges Gilkinet et François Bausch , sont déterminés à accroître, contribuant ainsi aux objectifs climatiques belges, luxembourgeois et européens.
Cette volonté partagée se traduit aujourd’hui par la signature d’une lettre d’intention commune. Par cette lettre, les deux parties s’engagent à poursuivre les objectifs suivants :
- doubler la part de navetteurs empruntant le train entre les deux pays d’ici 2040 ;
- doubler le volume de fret ferroviaire transitant entre la Belgique et le Luxembourg d’ici 2040 ;
- rendre le train encore plus attractif en réduisant les temps de parcours entre les deux capitales, avec l’objectif de relier Bruxelles et Luxembourg en 2 heures d’ici 2030.
À ces fins, plusieurs actions seront entreprises.
Moderniser les infrastructures
En vue d’accélérer la modernisation de l’axe 3 entre Gembloux et Luxembourg et des lignes RER entre Bruxelles et Ottignies, les deux pays défendront ensemble, d’ici la fin de l’année, un dossier de financement auprès des instances européennes, dans le cadre du programme Connecting Europe Facilities (CEF). Ce financement, complémentaire aux budgets déjà prévus pour ce projet au sein du PPI 2023-2032 d’Infrabel, permettrait de faire aboutir les travaux deux ans plus tôt que prévu (2029 et non 2031), soit le plus tôt techniquement possible pour ce chantier d’envergure.
Du côté luxembourgeois, la suppression de plusieurs passages à niveaux est mise à l’étude entre le Luxembourg et la frontière belge. En outre, un nouvel arrêt multimodal verra le jour à Hollerich d’ici 2030, ce qui permettra un gain de temps substantiel aux navetteurs transfrontaliers, puisqu’ils ne devront plus passer par la gare Centrale de Luxembourgpour rejoindre le centre-ville et les quartiers d’affaires.
Rendre l’offre voyageurs plus attractive
Les deux parties entendent planifier l’aménagement de pôles multimodaux, qui ont une accessibilité routière aisée (et des connexions cyclables sécurisées) et qui bénéficient d’une offre de train attractive.
Concrètement, les deux ministres soutiennent un renforcement de l’offre ferroviaire transfrontalière en deux phases. D’abord, dès décembre 2026, via l’introduction d’une liaison rapide Bruxelles-Luxembourg à raison de 3 aller-retours par jour (matin, midi, soir), complémentaire à l’offre IC actuelle (une liaison horaire). Ensuite, en 2029 – une fois les travaux de modernisation de la ligne Bruxelles-Luxembourg terminés-, la fréquence des trains IC sera doublée (2 liaisons horaires entre Bruxelles et Luxembourg), tandis que l’offre rapide sera proposée à raison de 5 A/R par jour.
La desserte locale sera elle aussi améliorée. Dès décembre 2024, le train omnibus Luxembourg-Arlon sera prolongé une fois par heure vers Libramont. L’objectif étant, à moyen terme, de relier Luxembourg à Libramont deux fois par heure sans que les navetteurs n’aient à changer de train.
Au total, quatre liaisons horaires sans rupture de charge seraient assurées depuis le Luxembourg vers la Belgique.
À plus long terme, l’objectif est de développer une offre ferroviaire suburbaine qui permettrait un accès rapide et efficace à la métropole luxembourgeoise depuis la zone frontalière à partir des trois lignes qui relient la Belgique au Luxembourg
Côté tarifs, la gratuité des transports en commun au Luxembourg améliore inévitablement l’attractivité de l’offre ferroviaire. Côté belge, la nouvelle grille tarifaire de la SNCB prévoira des réductions à destination des jeunes, des seniors et des petits groupes (dont les familles). De plus, les détenteurs des abonnements transfrontaliers bénéficient de la gratuité dans les parkings SNCB dans une vingtaine de localités. L’aménagement de places de stationnement supplémentaires (en ce compris cyclistes) est prévu, notamment à Arlon.
Enfin, les voyageurs bénéficieront, dans les meilleurs délais, du nouveau matériel roulant (voitures M7 pour la SNCB, automotrices Coradia pour les CFL). Ce matériel dernière génération assurera le confort des voyageurs, une accessibilité optimale pour les personnes à mobilité réduite et favorisera enfin la combinaison train + vélo.
Poursuivre le développement du fret ferroviaire
La coopération entre les deux pays se poursuivra pour faciliter les convois de marchandises transfrontaliers, avec un accent mis sur la ponctualité aux passages des frontières. Les investissements se poursuivront dans l’infrastructure et l’interopérabilité des systèmes.
Un groupe de travail, placé sous l’autorité des deux ministres, est chargé de la mise en œuvre de ces objectifs.
Georges Gilkinet, Vice-Premier Ministre et Ministre belge de la Mobilité : « La collaboration étroite entre la Belgique et le Luxembourg s’est toujours montrée très fructueuse en de multiples domaines, en ce compris ferroviaire. Je me réjouis que nous poursuivions ainsi nos bonnes relations, concrétisées par ce nouvel accord belgo-luxembourgeois. Grâce à cet engagement commun, l’avenir des liaisons ferroviaires entre la Belgique et le Luxembourg est sur de bons rails. La coopération entre nos deux pays est essentielle et a des retombées positives pour tous, à de multiples niveaux, que ce soit en matière d’économie, de climat ou encore de santé publique. Depuis le début de la législature, plus de 700 millions d’euros ont été investis ou le seront prochainement dans la région, dont plus de 400 consacrés à la modernisation de l’axe 3 ».
François Bausch, Ministre luxembourgeois de la Mobilité et des Travaux publics : « Grâce à une approche pragmatique basée sur une étude commune réalisée par les CFL et la SNCB, complétée par l'expertise apportée par nos ministères respectifs, je me réjouis que nous ayons pu trouver cet accord, qui fixe aussi bien les objectifs à concrétiser au niveau de l'infrastructure, qu'au niveau de l'offre ferroviaire qui va s'étoffer ces prochaines années. Dans le domaine ferroviaire, nous devons faire abstraction des frontières afin d'offrir un service de qualité aux habitants de la Grande Région, aussi bien que pour le transport des marchandises ».
Sophie Dutordoir, CEO de la Société Nationale des Chemins de fer Belge : « La SNCB va continuer de travailler avec les CFL pour augmenter la part de navetteurs quotidiens empruntant le train entre les deux pays, dans la lignée de ce qui a déjà été fait et elle mettra tout en œuvre pour mener à bien les orientations de projets basées sur les résultats de l’étude, sur la base de priorités, par exemple en proposant un train plus rapide entre Bruxelles et Luxembourg. Les différentes orientations vont maintenant faire l’objet d’études complémentaires. La SNCB attend avec impatience la fin des travaux du gestionnaire d’infrastructure, Infrabel : la concrétisation de ces orientations se ferait en effet en phases et en fonction de l’avancement des chantiers de modernisation de l’axe 3. Par ailleurs, les nouvelles voitures M7 pourraient être progressivement déployées sur la relation Bruxelles – Luxembourg, en fonction du respect strict des délais de livraison de la part d’Alstom, et en fonction également des tests d’homologation pour autoriser le matériel M7 à circuler sur le réseau luxembourgeois ».
Benoît Gilson, CEO d’Infrabel : « Infrabel travaille main dans la main avec les CFL et les opérateurs pour la planification des travaux de modernisation de l’axe 3 et la confection du plan de transport. Ce chantier est l’un des plus complexes du réseau ferroviaire belge. Il s’étend sur une distance de 175 km et impose de combiner des travaux lourds et le maintien d’un trafic le plus fluide possible. Infrabel renouvelle les voies, la signalisation, des ouvrages d’art, rectifie des courbes, sécurise des parois rocheuses, supprime des passages à niveau et réélectrifie la ligne pour augmenter la vitesse de référence à 160 km/h sur certains tronçons, afin de gagner 20 minutes de temps de parcours entre Bruxelles et la frontière avec le Grand-Duché de Luxembourg. Ces travaux doivent aussi permettre d’augmenter la charge et le nombre de trains et ce, pour répondre aux ambitions du gouvernement fédéral de transfert modal vers le rail ».
Marc Wengler, Directeur Général des CFL: « Les liens historiques et la coopération de longue date qui unissent les CFL à la SNCB et à Infrabel constituent des bases solides pour envisager les prochains développements au service de nos clients particuliers et professionnels. Nous sommes déterminés à poursuivre la mise en œuvre de cette vision commune d’un transport ferroviaire performant qui constitue la pierre angulaire de la mobilité multimodale et qui assume pleinement son rôle prépondérant dans la décarbonation des déplacements ».